Je me trouvait a l'intérieur de cet endroit appelé "a la bonne bibine", assis près possible du serveur. J'en était déjà a mon huitième verre. De quoi? Aucune idée! Je me rappelait bien avoir commandé un truc précis, cette fois. Mais il faut croire que l'alcool ne m'a jamais vraiment réussi... C'est un peu pour sa que j'en boit d'ailleurs! Bref, tout en m'accrochant au comptoir afin de ne pas me retrouver par terre, je guettait l'arrivée de mon frère avec impatience. En effet, j'avait invité Dako a venir prendre un verre, en l'honneur de nos retrouvailles. Ou plutôt, c'était l'excuse que j'avait trouvé pour aller une fois de plus me saouler la gueule. L'endroit était quasiment désert. Il n'y avait que quelques autres tarés, qui chantaient je ne sais quelle chanson débile. Si je n'aurait pas été sur le point de tomber, je crois que je leur aurait mis mon poing quelque part, a ces gigolos, car leurs cris mal ordonnés ne fessait qu’empirer un mal de tête qui s'était déjà installé il y a cinq minutes. Avec un peu de chance, Dako les ferait taire pour moi en arrivant...

J'ai ouvert la porte, tout joyeux! J'ai vu mon frère au comptoir et j'ai été m'asseoir à côté de lui. J'étais tout heureux de revoir mon frère jumeau après tant de temps!

- Frérot! Ça fait un bail qu'on n'a pas eu de temps à nous deux! Tu veux que je te paie à boire?

J'ai sorti une liasse de billets et je l'ai lancée sur le comptoir. Je me suis ensuite levé et j'ai regardé tout le monde présent. Ouais... c'était pas super. Y avait des gens vraiment étranges au fond de la salle et pas mal tout le monde me regardait de travers.

- Je paie la tournée!

Puis j'ai observé le serveur, tout beau, tout propre.

- Tu viendras t'asseoir avec nous quand t'auras servi tout le monde, mon beau. Oh! Et tu viendras nous flamber de l'absinthe, en même temps...

J'ai décidé que j'allais me laisser aller pour quelques heures. M'amuser un peu avec mon frère et les gens qu'on croiserait. J'imagine que comme à son habitude, mon frère va ramener tout ça en bagarre générale, mais bon, ça va être amusant quand même.

J'ai vu mon frère entrer et venir s’asseoir a coté de moi. J'allait justement commander mon huitième verre quand il m'a adressé la parole.

- Frérot! Ça fait un bail qu'on n'a pas eu de temps à nous deux! Tu veux que je te paie à boire?

Je lui ai pour la première vois depuis son arrivée adressé un regard direct. Javait encore du commander la boisson avec la plus haute teneur en alcool, car ma vue se dégradait déjà. J'échappa un fou rire, en balbutiant une réponse incompréhensible. Même moi je ne me comprenait pas. Le temps que je me reprenne et que je tante a nouveaux de créer une phrase complète, Dako avait lancé une liasse de billets sur le comptoir. Les autres le regardait de travers. C'est vrai que j'avait probablement balancé un bon paquet de conneries depuis mon arrivée ici, et les autres devait se demander quel genre d'imbécile voudrait traîner avec moi.

- Je paie la tournée!

Je sourit et fit une nouvelle tentative, mais cette fois, en gardant mon calme.

- Tu veut te ruiner? Tout le monde ici boit comme un trou!

Dako regarda le serveur.

- Tu viendras t'asseoir avec nous quand t'auras servi tout le monde, mon beau. Oh! Et tu viendras nous flamber de l'absinthe, en même temps...

Je repris mon verre vide et voulu pointer Dako, qui fessait bien évidament les beaux yeux au serveur, avec, mais l’échappa. Le son que produit l'objet en fracassant le sol me fit sursauter et je perdit l'équilibre, pour ainsi me retrouver étendu au sol, a fixer le plafond, complètement perdu.

- Bah non, je vais pas me rui...

Roku a échappé son verre et est tombé par terre. J'ai rigolé, puis je me suis penché pour le regarder. Ah! Mon frère jumeau, toujours le même, mais qui boit plus que quand il était enfant. C'était vraiment bien de retrouver de la famille! Le serveur a déposé son plateau sur le comptoir et s'est penché pour regarder Roku lui aussi. Je lui ai posé une main sur l'épaule en lui faisant un grand sourire.

- Il va bien aller, aidez-moi simplement à l'asseoir sur son siège, je vais nettoyer le verre brisé...

On a aidé mon frère à s'asseoir et je me suis penché pour nettoyer le dégât. J'ai tenté d'utiliser mes vecteurs, essayer de le réparé comme n'importe qui d'autre de la famille aurait très bien pu faire, mais je n'ai pas réussi à rattacher une simple miette de vitre à une autre. J'étais déçu de me rappeler à quel point j'étais limité dans mes pouvoirs. Le serveur m'a alors dit, sans avoir vu ce que j'essayais de faire, qu'il allait s'en charger. Je me suis relevé et il a nettoyé. Je me suis rassis sur mon siège, puis j'ai regardé mon frère.

- T'avais déjà bu avant que j'arrive?

Le serveur est revenu pour finir de nettoyer.

- Excusez-moi! Vous le connaissez? Vous êtes au courant qu'il n'arrête pas de faire de petits dégâts et de dire des idioties à tout le monde depuis qu'il est arrivé?

- Oui, je le sonnais, c'est mon frère jumeau... Et je vais m'en occuper, il ne posera plus problème...

Dako m'a aidé a me relever et s'est réinstallé a coté de moi.

- T'avais déjà bu avant que j'arrive?

- ouais... mais qu'un... heu... huit... dix? Attend...

J'ai commencé a compter sur mes doigts, mais me suis arrêté lorsque le serveur est revenu.

- Excusez-moi! Vous le connaissez? Vous êtes au courant qu'il n'arrête pas de faire de petits dégâts et de dire des idioties à tout le monde depuis qu'il est arrivé?

- [i][b]Oui, je le connais, c'est mon frère jumeau... Et je vais m'en occuper, il ne posera plus problème...

Je me suis relever pour aller pousser le serveur, sur un coup de rage.

- Comment sa, je dit des conneries?! Vient me dire sa plus près voir!!

Pas mal toute la salle s'est agitée quand Roku a poussé le serveur. Je me suis levé et j'ai interposé mes vecteurs entre les deux en m'approchant du serveur pour le rassurer que tout allait bien aller.

- C'est bon, mon beau, je vais le calmer, il vous fera rien, c'est juste qu'il s'énerve vite. ROKU! Calme-toi ou sors. On n'est pas ici pour foutre la pagaille...

J'ai posé une main sur l'épaule du serveur et une sur l'épaule de mon frère. En effet, mon frère semblait ne jamais avoir changé... ne jamais avoir vieilli... Ouais, je dirais que c'est pas mal ça... Il a pas maturé du tout et il n'a pas changé de visage du tout. C'est fou à quel point le Ininumes vieillissent vite, pendant environ cinq ou six ans, puis restent comme figés là où ils en étaient rendus. Moi j'ai atteint l'allure adulte à quatre ans et deux mois et j'ai gardé la même apparence tout ce temps, sans vraiment changer psychologiquement non plus.

Soudain, je me suis posé une question sur notre longévité. Je me la suis posée tout bas...

"Est-ce qu'on vit éternellement? Pour toujours, avoir l'air de quelqu'un d'une vingtaine d'années..."

Puis j'ai relevé la tête, réalisant que ça faisait un instant que mon frère me disait (ou me gueullait, aucune idée) quelque chose et que je ne bougeait pas et je ne répondais pas...

- Oui?

Dako s'est placé entre moi et le serveur.

- C'est bon, mon beau, je vais le calmer, il vous fera rien, c'est juste qu'il s'énerve vite. ROKU! Calme-toi ou sors. On n'est pas ici pour foutre la pagaille...

Il a posé sa main sur mon épaule. Surpris, je me suis figé et l'ai fixé un bon moment. Il venait de me crier dessus?... De me donner... Un ordre? Aussitôt des souvenirs d'enfances ont refais surface. Et je me suis aussi rappelé a quel point je m'était conduit en idiot, le jour ou j'ai quitté la maison. J'était partit sur un coup de tête, en méprisant ma famille, pour presque rien d’ailleurs... Ce n'était pas la première dispute qu'on avait eu, mais ce fut surement la plus grosse. Et la plus stupide. Le silence s'était installé depuis que Dako m'avait arrêté. Il était peut être le temps de ranger mon orgueil.

- Hum... je... Les autres vont bien?

Il a relevé la tête. Apparemment il ne m'avait pas entendu.

- Oui?

Je me suis forcé de répéter et j'ai détourné le regard.

- Nos frères et soeurs... Tu a des nouvelles?

Je l'ai regardé, tout surpris de son air gêné. Je me suis replacé sur mon siège, bien adossé au fond. Je ne vois pas vraiment ce qui aurait pu le pousser à vouloir avoir des nouvelles de la famille, lui qui a toujours agis si indépendamment de nous. En plus, si je me souviens bien, c'est lui qui a quitté la maison de l'aîné à six ans en nous traitant tous de débiles finis qui ne comprennent pas ce que c'est que d'avoir de la liberté et s'amuser. J'ai rit, ce jour là, et j'ai rit quand il m'a demandé de leur nouvelles.

Je lui riait au visage. Bon, pas un grand rire méchant. Juste un petit rire, comme quand on voit notre ami manquer une marche et se reprendre de justesse.

- Bon, d'accord, j'imagine que le famille reste quelque chose d'important, même pour quelqu'un d'indépendant, vu que c'est les seules personnes qui nous connaissent vraiment bien et qui nous ressemble assez pour nous comprendre mieux que les autres... Alors par où commencer?... Ah! Je sais. L'aîné va encore très bien, je l'ai vu il y a moins d'un mois. C'est d'ailleurs lui qui m'a envoyé ici. Les trois filles sont en pleine forme, du peu que j'en sais, vu que pas mal tout le monde a fini par se disperser un peu. À part ça... Bah ya ma fille, qui s'est sauvée de la maison exactement comme tu as fait à six ans. Elle avait quatre ans, elle, quand elle a fugué. Sinon, c'est tout, je sais pas grand chose sur les enfants de nos frères et sœurs... Toi, quoi de neuf depuis tes six ans?

Ouah! Tout un roman que je lui ai sorti. D'ailleurs, je me suis demandé s'il a eu des enfants... Il ne faut pas oublier qu'on a quand même cinquante-deux ans... Mais la question m'est sortie de la tête.

J'ai écouté son histoire, quand même un peu outré que ma question l’amuse, mais curieux. Je suis revenu m'assoir moi aussi.

- C'est bon a savoir... Tu diras a ta fille qu'elle a fait une grosse bêtise, de ma part... et, si tu veut savoir, du temps que j'errai...

Je me suis arrêté sec. Qu'est-ce que j'était en train de faire? Pourquoi j'avait demandé de telles nouvelles a mon frère? Je n'avait pas a avoir honte de ma fugue! Ce que j'avait fait après était bien pire encore! Ah, si il savait! Sur ces pensées, j'ai pris un air encore plus coincé que qu'il y a un petit moment. J'avait envie de changer de sujet. Mais je ne trouvait aucun autre sujet convenable. Maintenant que j'avait commencé, il fallait que je finisse. Ou bien... J'ai a nouveau tourné la tête vers lui, sur un dernier essai.

- Parle-moi un peu plus de toi...

Je ne savait pas si j'était en train de me caler d'avantage, mais tout les sujets de discutions étaient bons pour éviter de parler de mes erreurs...

J'allais commencer à parler quand j'ai eu l'impression de voir une girafe à ma droite. Je me suis ressaisi en me disant que ça devait être à cause de l'alcool, car oui, j'étais rendu à quelques verres. J'ai repris là où j'avais laissé mes paroles. Euh quoi? Je me suis alors demandé si ça se disait vraiment. En fait, ça doit se dire aussi bien que "lorsque les fourmis auront des ailes, les portes-patio danseront le tango...". Donc ça se dit très bien, au fond.

Je ne savais plus trop où j'en étais rendu et je fixait mon frère avec un air un peu absent.

- Tu sais que les patates font très souvent des tours de...

Quoi? Des patates? Je me suis levé et j'ai fait quelques pas de dance. Je me suis rassi et je me suis demandé si j'avais vraiment dansé à l'instant ou si j'avais appris à nager le mois passé. Je me suis levé de nouveau.

- Oh, l'eau est froide, est-ce qu'il y a un agent qui devient rose quand on pisse dedans?

ROSE COMME MES CHEVEUX! Oh mon dieu, c'est si excellent d'être moi. Je me suis assis par terre et j'ai fait un câlin à la chaise.

- Cette girafe... Je veux l'adopter. Elle fera une excellente cuisinière dans la forteresse du nabot démoniaque que j'ai croisé à la tour. Je lui ferai du lait au chocolat à partir de son propre lait maternel.

Je l'ai soulevée et je l'ai balancé plus loin, puis je me suis avancé une autre chaise et je me suis rassis.

- J'aime pas les olive bleues. Je suis certain qu'il y en a dans la piscine de ce centre pour vieux.

C'était de la pollution! Je me sentais si intelligent, je voulais aussi créer un produit qui tue les olives en hélicoptère! Comme ça sonnait bien à mes oreilles. J'allais me faire de l'argent, m'acheter des esclaves et les tuer en leur donnant une olive par jour.

Puis je me suis relevé et j'allais dansé à nouveau quand je suis tombé en criant.

- N'oubliez pas le pourboire, je suis votre maître incontesté!

Roku s'est mis à parler pendant que je pensais à ma si grande supériorité en tant que moi-même. Quand je suis sorti de mes rêveries, j'étais de nouveau assis sur une chaise. J'ai levé la main et j'ai gueullé.

- PYTHAGORE JE L'EMMERDE!

J'ai regardé le professeur de maths qui se trouvait soudainement à ma gauche, assis sur le comptoir entre moi et Roku. Il m'a fait un clin d'œil et s'est baissé les pantalons. Il a débarqué du comptoir et il y a une jupe qui lui est sorti de nul part. Il l'a mise et m'a dit que j'en avais une sous mes pantalons, moi aussi. Je me suis levé et j'ai ôté mes pantalons.

- Met de la musique Jazz pour que je danse comme une ballerine russe!

Et là je me suis mis à danser Popipo sur la carapace d'une tortue fluo en patin à roulettes. Je chantais à tue tête en m'arrêtant pour gueller de trucs du genre: "Je suis parfait!" et "Je t'aime, bébé koala!".

Puis, tout d'un coup, je me suis retrouvé au sol de nouveau, en train de faire le bacon tout seul. Tout le monde me regardait. Je me suis senti plus lourd tout d'un coup. Je venais de spontanément désaouler, merci à ma capacité de régénération physique. J'ai regardé à gauche, à droite, puis je suis sorti dehors et j'ai attendu à côté de la porte.