Tsuki avait passé une affreuse nuit. Lorsqu’elle s’était réveillée au petit jour, alors que le soleil allait poindre à l’horizon, elle s’était retrouvée non pas dans sa chambre, confortablement affalée dans son lit, mais allongée dans les bois. La jeune fille s’était aussitôt redressée, apeurée. Et alors qu’un million de questions s’affolaient dans sa tête, son alter-égo était remonté à la surface et avait pris le contrôle. Comme toujours lorsque ça n’allait pas. Tsukimi était elle aussi soucieuse, mais elle le dissimulait derrière un masque serein. Tsuki aurait aimé connaître son secret. Comment pouvait-elle paraître toujours si…Détachée ? On aurait dit que rien n’importait jamais à son autre « moi ». Cette dernière, avec assurance, quitta la forêt. Tapie au fond de son propre corps, Tsuki se sentait mieux. Si c’était l’autre Mitsukuni qui prenait les commandes, elle n’avait pas à se soucier de tout cela !

Arrivée à Sekuen, Tsukimi se faufila avec une discrétion et une adresse hors paire jusqu’à la bibliothèque. Si quelqu’un l’avait croisé à ce moment là, il ou elle aurait compris qu’il ne s’agissait pas de Tsuki, qui avait la réputation de tomber à chaque pas qu’elle faisait. Lorsqu’elle entra dans le sanctuaire des livres, Mitsukuni salua calmement le bibliothécaire. Ce dernier dut se demander ce qui arrivait à la mélangeuse, d’ordinaire si enthousiaste et excentrique.
Tsukimi se dirigea, la démarche toujours aussi confiante. Méthodiquement, elle parcourut le rayon, avant de revenir sur ses pas, de choisir un manuel, de le feuilleter rapidement, puis de le ranger à sa place et d’en reprendre un. Elle était à son troisième ouvrage lorsque la porte s’ouvrit sur une petite fille aux cheveux roses. Comme elle. Le regard totalement neutre de Tsukimi se posa sur elle, mais rapidement, un éclair de joie et de gaieté lui monta au visage, et quelques secondes à peine, elle prit le visage de Tsuki. Cette dernière voulait visiblement aller à la rencontre de cette nouvelle élève qu’elle ne connaissait pas. Mais son double n’était pas de cet avis, et tenait fermement les brides de ce corps qu’elles partageaient depuis bien des années. Elle reprit le contrôle sans aucun mal, et se pencha à nouveau dans son livre. Son index glissait sur la page de gauche. Huuum…Ce livre semblait être le bon !

Je relève la tête lorsque la porte de la bibliothèque s'ouvre sur mademoiselle Mitsukuni.
Il était rare de voir des élèves se rendre aux aurores à la bibliothèque. Heureusement pour eux que j'avais ouvert plus tôt pour réceptionner une commande de périodiques. Il fallait ensuite que je les étiquettes, et que je rentre les articles dans le moteur de recherche. Un travail non gratifiant, mais qui paye. Enfin, je n'en ai pas besoin, mais ça fait partie de ma fonction.
Son visage est dur et fermé quand elle me salue. Enfin, cela ne regarde qu'elle. Je retourne à mon travail, agacé par le bruit de ses farfouillements. Si elle cherche un livre sue un sujet particulier, ou un titre, elle n'a qu'à me demander, si elle est incapable de trouver seule à l'aide de la classification !
Je soupire alors qu'une autre élève entre dans la bibliothèque, où le silence est de mise. si elles se mettent à discuter à voix haute, je les vire.

Tsukimi sentait le regard du bibliothécaire posé sur elle. Mais elle s’en foutait royalement. Elle n’était pas comme son autre face. Elle se moquait de déranger, d’être grossière, impolie et mal élevée. Ca l’amusait même. Et puis, elle adorait faire tourner en bourrique les gens. Ce qui révoltait d’ailleurs profondément Tsuki.
La porte de la bibliothèque s’ouvrit. La tueuse n’y prêta pas le moins du monde attention. Tout ce qu’elle voulait, c’était savoir. Ce n’était pas normal qu’elles aient atterri dans la forêt, Tsuki et elle, et qu’aucune ne se rappelle de quoi que ce soit. Malheureusement, alors qu’elle avait trouvé un manuel qui traitait enfin le sujet qui l’intéressait, une voix haut perché la dérangea. Elle dut lever les yeux pour constater qu’il s’agissait d’une petite fille aux cheveux roses –comme elle !- et à l’air naïf. Aussitôt, elle lui fit penser à Tsuki, et cela la fit sourire. Néanmoins, lorsque l’impitoyable roseline souriait, ce n’était jamais très rassurant. Elle vit bien que Zephyr Valaëm, le bibliothécaire, les observait. Elle mit son doigt devant sa bouche en faisant « chut » à la fameuse nouvelle.

▬ Si tu tiens à rester en vie, je te conseille de ne pas parler aussi fort, se contenta-elle de dire d’une voix monocorde.

Elle savait que Valaëm était sans merci avec ceux qui ne respectaient pas les règles de son « sanctuaire ». Et bien que Tsukimi se moque éperdument du règlement, pour une fois, elle avait envie de se montrer aimable. Enfin…Aimable. C’est un bien grand mot ! Aussi allait-elle se montrer docile et suivre les règles de la bibliothèque. Règle numéro un : le silence est de rigueur ! Elle referma l’ouvrage qui l’intéressait, et alla s’installer à une table, avant de l’ouvrir à la page souhaitée. Libre à la gamine de la suivre ou de rester là. Elle, elle avait du pain sur la planche. Peut être aurait-elle du aller demander directement au bibliothécaire ce qu’il en pensait ? Après tout, après autant d’années passées, il devait avoir une certaine notion de ce genre de choses, non ? Mais ce n’était pas du genre de Tsukimi de demander service.

La nouvelle venue avait l'air de ne rien avoir à faire dans une bibliothèque de cet acabit. Est-ce qu'elle sait lire au moins ? Et comme par hasard, alors que la nature à tendance à répartir uniformément dans l'espace les atomes pour les gaz, ici, au lieu de se mettre à une autre table, elle s'est forcément mise à celle de la jeune Mitsukuni.

Angie : Bonjour, je suis un peu je suis nouvelle et un peu perdue. est ce que vous voudriez être mes guides dans cette étrange école ?

Wonderful. Encore une qui ne sait pas lire un panneau indiquent "prière de travailler en silence". Elle se croit où ici ?

Bien, Mitsukini la rabroue, je n'aurai pas à le faire.

Je retourne à l'enregistrement des périodiques.